jeudi 11 mai 2017


INSA de Lyon – INSA Lyon 5717 – Chapitre 5-4 : Commentaires

           Pour ternir la période de « splendeur » des mandats de M. le Professeur Alain Storck, il aurait été plus facile de présenter l’échec du projet « Yoratoo » qui a couté plus d’un million d’Euros entre l’achat d’une licence d’un progiciel canadien en cours de développement mais jamais terminé, et les salaires chargés sur ressources propres de la cellule des Technologies de l’Information pour la Communication et l’Enseignement. Le bilan final n’a pas été établi, est ce que l’INSA de Lyon a obtenu plus qu’un jeu de rôle pour le département GI et quelques modules de préparation en mathématique des étrangers candidats à l’INSA ? C’est une autre histoire à conter avec un exposé des résultats concrets réels. L’idée de départ de M. le Professeur Martin Raynaud était ambitieuse et visionnaire. Mais la technologie n’était pas mature, et les moyens se sont révélés insuffisants par rapport aux buts poursuivis en quantité et en qualité. Cet embryon de politique numérique n’a pas été poursuivi et l’INSA de Lyon reste très en retard dans le développement de support pédagogique numérique. Le rattachement de la cellule TICE à la Direction des Systèmes d’Information n’a pas amélioré la situation. Est-ce que l’établissement saura prendre en marche le train des MOOC ? Ce n’est pas de la recherche valorisante, il y a peu de chance que de nombreux collègues consacrent le temps nécessaire à la conception de modules attrayants sans aucune incitation. Cela demande de trop gros investissements en réalisation de graphiques interactifs.

            Au début de son second mandat, M. le Professeur Alain Storck a tenté d’améliorer les rapports entre tous les utilisateurs de l’INSA et l’incontournable Centre de Ressources Informatiques (CRI) campant sur son piédestal d’expert infaillible et ignorant la notion de relations clients-fournisseurs. La satisfaction du client était (et reste encore) une notion étrangère à cette entité.  L’usager doit s’adapter aux logiciels forcément bien conçus et non l’inverse. Pour tenter d’introduire les pratiques des sociétés de service à l’INSA de Lyon, M. le Professeur Alain Storck a proposé de transformer le CRI en Direction des Systèmes d’Information assisté d’un Conseil d’Orientation des SI. La transformation dialectique a été appuyée par la nomination d’un premier directeur non informaticien de formation mais néanmoins expert dans le domaine. M. Fabrice Morestin, Maitre de Conférences, avait accepté d’assurer un intérim en attendant le recrutement d’un professionnel. Il a tenté d’insuffler les prémices d’une nouvelle culture pendant un an environ avec plus ou moins de succès. Afin de représenter les utilisateurs auprès du service informatique et non l’inverse, un ancien élève du département GE, ingénieur à France Télécom a été recruté comme Directeur des SI. Les utilisateurs ont espéré quelques temps l’initiation d’un fonctionnement normal avec un maitre d’ouvrage distinct du maitre d’œuvre pour chaque projet défini par un cahier des charges écrit avec les utilisateurs. La déception est survenue rapidement car la personne choisie, M. Yves Condemine, incompétente en informatique, a du prendre le parti des experts installés pour survivre. La volonté politique de la direction était sincère mais le directeur recruté pour les SI n’a pas fait le job. Le département d’Informatique de l’INSA de Lyon a été dés sa création parmi les meilleurs de France, mais les logiciels de gestion académique de l’établissement sont restés indigents. Il a fallu attendre le troisième millénaire pour disposer d’une base de données centralisée des résultats académiques des étudiants inscrits dans les départements et centres. Les secrétariats des études n’ont disposé d’un logiciel commun de  gestion de l’offre de formation que lorsque le fameux processus de Bologne a contraint les établissements de distribuer un supplément au diplôme. La Direction des Systèmes Informatiques a été incapable de développer un logiciel adapté à l’INSA malgré les demandes de la Direction de la Formation qui avait fait établir un cahier des charges par un groupe de travail composé de représentants des départements et centres. Les discussions entre les représentants des enseignants et les « spécialistes » de la DSI étaient ubuesques. Chaque point du cahier des charges a été remis en question pour être modifié afin que les utilisateurs s’adaptent  à un logiciel plus ou moins existant. Les experts exigeaient en fait que le fonctionnement académique des départements soit modifié selon leurs désirs d’informaticiens. Le monde normal à l’envers, une société de service informatique a peu de chance de survivre dans une telle relation avec le client mais à l’INSA c’est possible ! Au final, les utilisateurs ont hérité d’un logiciel conçu pour manipuler les données d’une entité traitant quelques dizaines d’étudiants et non d’une douzaine de structures indépendantes traitant chacune des centaines d’étudiants. L’ergonomie des logiciels retenus est complètement inadaptée à la quantité réelle d’informations  à entrer et réactualiser  par les départements et centres. Les interfaces utilisateurs datent des balbutiements de l’informatique interactive, des amateurs éclairés peuvent faire beaucoup mieux mais pas les professionnels de la DSI de l’INSA de Lyon.
Ce service aurait besoin d’une révolution culturelle, l’échec n’est pas à attribuer à la direction de l’établissement. Il est à attribuer à certains chefs d’équipe de la DSI et par les directeurs successifs de ce service dont le premier cachait son incompétence en enfumant ses interlocuteurs de l’équipe de direction de l’INSA avec l’urbanisation du système d’information  grâce à  la suite Cocktail.  Cet ensemble hétéroclite de logiciels libres a été développé par une équipe d’une douzaine de personnes à l’Université de la Rochelle. Question : quel est le potentiel de développement de logiciels à Lyon entre les permanents de la DSI, et les enseignants du département Informatique assistés des étudiants? Il ne serait pas très difficile de satisfaire les besoins des utilisateurs en se mettant à leur écoute mais c’est un problème d’état d’esprit.
En 2012, les décisions autoritaires de centralisation des personnels SI prises par  l’occupant actuel de la direction de l’INSA ont eu pour conséquence une nouvelle dégradation de la qualité de service déjà très faible. Les utilisateurs du SI n’ont plus d’interlocuteur direct dans leurs entités. Le « dialogue » se fait par demande de tickets d’intervention à la DSI. Ce système est particulièrement adapté aux incidents informatiques qui surviennent pendant les travaux-dirigés des étudiants.... Des groupes d’étudiants sont ainsi privés de plus en plus souvent d’une partie de leur formation, mais cette réalité ne fait pas partie du modèle de gouvernance de personnes qui ignorent le fonctionnement quotidien d’un établissement d’enseignement supérieur.

Des modifications importantes de la gestion des carrières des enseignants-chercheurs sont survenues pendant les deux mandats de M. le Professeur Alain Storck. Elles ont été l’objet de négociations entre le Conseil d’Administration Restreint aux représentants des enseignants-chercheurs et assimilés et M. le Directeur.
La première « innovation » a été la suppression des Commissions de Spécialistes des établissements qui sélectionnaient dans chaque spécialité du Conseil National des Universités les candidats à un poste de Maitre de Conférences ou de Professeur des Universités. Ces commissions étaient constituées pour une grande proportion  de membres élus pour quatre (ou cinq ?) ans par les enseignants-chercheurs de l’INSA de Lyon et une petite proportion de membres extérieurs travaillant dans d’autres établissements. Ils étaient nommés par la direction sur proposition des présidents élus des commissions de spécialistes. La même commission traitait tous les postes au concours de recrutement d’une même année dans une même spécialité et gardait la mémoire des recrutements des années précédentes. Ce système de cooptation contrôlée avait comme principal inconvénient une collusion éventuelle entre des membres internes, les membres externes étant en minorité. Les politico-technocrates du Ministère ont remplacé ce système présentant ce risque de clientélisme par une usine à gaz garantissant la pratique du  népotisme par les équipes de recherche.
 Dans la nouvelle procédure de recrutement des enseignants-chercheurs, un Comité de Sélection doit être constitué pour chaque poste mis au concours, trente à quarante environ pour l’INSA de Lyon à composer individuellement chaque année avec la moitié de membres extérieurs. Organisation bien plus lourde que les dix Commissions de spécialistes fixes pour plusieurs années dans le système précédent. Le principal inconvénient de ce dispositif n’est pas la logistique bien que deux réunions des CoS soient obligatoires pour le nouveau processus de recrutement. A l’usage, il est apparu que la présence d’une moitié de membres extérieurs a en fait augmenté la possibilité de collusion car ils étaient proposés par les responsables des équipes d’accueil du futur recruté. Ceux-ci ou leurs représentants se placent à la tête des CoS correspondant au poste qui leur est dévolu et ils proposent à la direction les membres extérieurs « qui vont bien ». La direction de l’établissement ne peut contrôler les relations entre 200 Professeurs des Universités et Maitre de Conférences externes et leurs collègues des laboratoires de l’INSA. Ce système des CoS ne garantit pas la qualité du recrutement par comparaison des candidats d’une même spécialité et permet de contourner les directives politiques de formation et de recherche émises par les directions des départements et la direction. Il est difficile d’affirmer que ces déviations du système étaient prévisibles au niveau de l’INSA et qu’une autre interprétation des textes aurait pu permettre une gestion des recrutements plus équitable. Depuis plusieurs années, les campagnes de recrutement des enseignants-chercheurs échappent complètement à tout projet  futur d’amélioration de  la formation, et elles laissent l’avenir de la recherche entre les mains d’individus et non de structures. Il serait peut-être temps de revisiter l’application des textes existants pour que des politiques collectives cohérentes puissent avoir la chance de voir le jour. A moins que tout le monde, direction actuelle comprise, soit satisfait des dérives du système.

La seconde « innovation » du Ministère a été l’introduction de la prime d’encadrement doctoral et de recherche, la PEDR. Auparavant, la Prime de Responsabilités Pédagogiques attribuée aux enseignants les plus impliquées dans la formation avait été supprimée. Les priorités du Ministère dit de l’Enseignement Supérieur étaient indirectement explicites… Ce dispositif destiné à « la reconnaissance de l’excellence » (en recherche)  par la tutelle laissait au Conseil d’Administration Restreint de chaque établissement la définition des modalités de répartition et le montant de cette super prime, environ 6000 €/an maxi. Les candidats, Professeurs des Universités et Maitres de Conférences, étaient classés en trois catégories (A, B, C) par une instance nationale, et l’établissement recevait une petite enveloppe budgétaire spéciale fléchée pour ce supplément de rémunération.
Les établissements pouvaient augmenter ces crédits particuliers en puisant dans leur budget mais cette possibilité a été immédiatement exclue vu le peu de ressources restantes à l’INSA de Lyon pour la mission de formation. La discussion entre les élus au CAR sur les montants de la PEDR a conduit rapidement à un consensus : pas de distinguo entre Professeur des Universités et Maitre de Conférences ! La différence de salaire mensuel entre les deux grades a été considérée comme une différentiation largement suffisante. Il était donc facile de calculer le montant annuel de cette PEDR en divisant le budget disponible par le nombre de récipiendaires, seul paramètre d’ajustement en fonction du classement A, B, ou C de l’instance nationale. Cette proposition est apparue équitable aux élus qui ont été la présenter à M. Claude Guédat, Directeur des Ressources Humaines du moment, alors que M. le Professeur Alain Storck était en déplacement à l’étranger. La réaction a été caractéristique à deux titres :1) l’uniformisation du montant de la prime entre Professeurs des Universités et  Maitres de Conférences était visiblement contre-nature pour ce « chef du personnel » improvisé ; 2) il ne pouvait prendre aucune décision en l’absence de M. le Directeur…. Normal, l’équipe de direction n’a aucune existence statutaire, mais pour mesurer correctement l’enjeu matériel, il faut savoir que l’enveloppe pour l’INSA était inférieure à 100 000 €/an  pour 100 à 200 attributaires potentiels et 10 à 20 bénéficiaires effectifs. Au retour de M. le Directeur, les représentants élus au CA des enseignants-chercheurs et assimilés ont eu finalement gain de cause après une longue et âpre discussion sur la signification de leur proposition. A l’aube de l’an 2000, les mentalités de certaines personnes sont toujours ancrées dans des schémas de pensées préhistoriques, y compris dans l’enseignement supérieur. L’évolution de la  psychologie de l’espèce est très lente, avec ou sans Darwin.

Le document INSA Lyon 57-17 aurait pu compléter son récit d’anecdotes par les participations de M. le Professeur Alain Storck au cross de l’INSA de Lyon, son prédécesseur était apparu aux 24h de l’INSA. Les nombreux voyages en Chine pendant l’exposition universelle à Shanghai n’ont pas été évoqués, pas plus que leurs conséquences. Il aurait été aussi intéressant de s’intéresser au départ brutal de M. le Professeur Martin Raynaud qui a eu de graves conséquences à différents niveaux. Le bilan du second mandat de M. le Professeur Alain Storck aurait pu être meilleur avec l’absence de l’épée de Damoclès de la réélection. Une certaine déception a percé avant son départ pour l’Université de Technologie de Compiègne. Avec le recul du temps, la perception de cette période évolue positivement quand elle est comparée à l’évolution actuelle de l’établissement. Tout est relatif, n’est-ce pas !


Prof. Jean-Claude Boyer
Ex Membre du Conseil d'Administration Restreint de l'INSA de Lyon 

 

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