INSA
de Lyon – INSA Lyon 5717 – Chapitre 5-3 : Commentaires
A propos du CA et des relations entre ses membres internes
et la direction pendant le mandat de M. le Professeur Alain Storck, on peut
relever que le document 5717.insa-lyon ne mentionne pas les péripéties de
l’entrée de l’INSA de Lyon dans le Pole de Recherche et d’Enseignement
Supérieur appelé Université de Lyon, ou UdL. Le premier vote du CA relatif à
l’entrée de l’INSA de Lyon comme membre fondateur a été négatif après analyse
des futurs statuts de la structure et des prérogatives du futur PRES. Il n’est
pas inutile de faire remarquer que ce projet a été présenté en toute
transparence, contrairement aux pratiques hermétiques de la direction actuelle
à propos de l’élaboration de la COMUE qui doit succéder au PRES. Autre temps
et autres méthodes qui actuellement ne
vont pas dans le sens de l’amélioration de la gouvernance. M. le Professeur
Alain Storck n’a obtenu un vote juste positif qu’au deuxième passage après
quelques rectifications des statuts. Il aurait été intéressant de revenir sur
cet épisode qui est représentatif des valeurs défendues par la majorité des
personnels de l’INSA, toutes catégories confondues. Pour clore ce point, il
faut mentionner que le recours déposés au Tribunal administratif par les élus
INSA du SNESup sur l’illégalité de certains points statutaires constitutifs du
PRES ont conduit à un jugement négatif pour l’UdL. Vu l’opacité du projet COMUE
Université de Lyon, on peut craindre de nouvelles batailles juridiques qui
pourraient être évitées par une concertation préalable avec tous les acteurs
concernés. Mais ce concept de participation de tous à la préparation de
l’avenir est tout à fait révolu dans la gouvernance top-down héritée du début
du XX siècle. Les dirigeants actuels de l’enseignement supérieur ne se sont pas
aperçus que nous sommes passés au XXI
siècle et que des changements notables se sont produits entre 1960 et 2000.
M le Professeur Alain Stork a aussi eu des démêlés avec les
élus du Conseil d’Administration à propos de la création du réseau des INSA. A
l’époque, personne n’a compris pourquoi une association loi 1901, appelée Groupe
INSA, a été créée, alors que dés 1990, le Ministère de l’Education Nationale
avait mis en place par le décret 90-219 deux instances communes aux INSA. D’une
part, un service commun d’admission aux INSA géré par une commission inter-INSA
comportant 6 représentants par établissement. Et d’autre part, une commission
de coordination des INSA comprenant 5 représentants de chaque
établissement : le président du conseil d’administration, le directeur, et
un représentant de chaque conseil statutaire, CA, CE et CS. Une telle
composition aurait apporté plus de diversité d’idées qu’un groupe limité aux
seuls directeurs, ainsi que des relais de la politique du groupe dans les
conseils des établissements, et aussi plus de « bras » pour
coordonner des projets importants du réseau. La question de l’inutilisation de
cette commission légale reste toujours sans réponse, et le peu de projets menés
par l’association Groupe INSA n’est pas un gage de l’efficacité de cette équipe
réduite. Le premier réseau des écoles post-bac de France n’est présent que sur
le web pour se décerner des bulletins d’autosatisfaction.
Après le premier mandat de M. le Docteur Eric Maurincomme,
il faut reconnaitre au moins un coté positif à la direction précédente. M. le
Professeur Alain Storck, conformément aux statuts de l’INSA de Lyon, a permis
au Conseil d’Administration de l’INSA de Lyon de constituer une commission
budgétaire pour tenter d’analyser les flux des recettes et dépenses de l’INSA.
M. le Professeur Martin Raynaud, Directeur de la Formation de 2001 à 2006,
avait pressenti des difficultés financières avec un effet ciseau entre la
diminution des recettes et l’augmentation des dépenses due à l’inflation, à la
croissance de la masse salariale sur budget propre dont les heures
complémentaires, et au développement des couts des activités de recherche en
consommables. Une tentative autoritaire de réduction des budgets des
départements de formation avait été repoussée faute de transparence de la
gestion budgétaire.
Il est intéressant de rappeler que l’Agent Comptable de
l’époque, M. R. Dubois, qui est parti à la retraite vers 2007 se contentait de
présenter trois chiffres comme bilan financier : la somme des recettes, la
somme des dépenses et la différence toujours positive qui était versée
automatiquement en fin d’année dans le fond de roulement. C’est ainsi qu’un bas
de laine conséquent s’est constitué avec cette gestion prévisionnelle
particulièrement efficace. La mise en place de la commission budgétaire a
coïncidé pratiquement avec son départ à la retraite. Il a été remplacé par Mme Evelyne
Castaletta qui n’est restée qu’une
année. Cette personne très coopérative a permis à la commission budgétaire du
CA d’accéder à tous les documents de synthèse de préparation des budgets et des
bilans. Les libellés des lignes des tableaux comptables étaient évidemment
incompréhensibles pour des néophytes et Mme Evelyne Castaletta a fait preuve de qualités pédagogiques
certaines pour nous expliquer la signification de la présentation officielle et
les interprétations possibles. L’opacité commençait à se dissiper mais les
bilans n’étaient pas assez détaillés pour distinguer analytiquement les postes
de dépenses.
Son successeur, M. Patrick Dorp, avec l’accord de M. le Professeur
Alain Storck nous a ouvert les fichiers des Unités Budgétaires et des Centres
de Ressources formés par chaque Département de Formation et différents Services
d’Appuis aux Missions. Les « zooms » sur chacun de ces centres de
ressources a permis d’identifier deux postes particulièrement gourmands en
crédits mis à part les « fluides ». Il s’agissait des heures
complémentaires des enseignants et enseignants-chercheurs et de la masse
salariale des personnels rémunérés sur les ressources propres de
l’établissement. Les données fournies sur les heures complémentaires ont permis
de constater que le quota de 25% en moyenne de face à face pédagogique à
assurer en heures complémentaires était largement dépassé et qu’il y avait une
très grande disparité entre les départements et centres. Les entités les plus
dispendieuses ont été « invitées » par la Direction de la Formation à
revoir leurs maquettes pédagogiques…. Le plus surprenant dans cette analyse a
été la découverte de budgets primes bien supérieurs aux enveloppes attribuées
par la direction pour la reconnaissance des taches administratives et
collectives. Sur ce point la transparence n’a pas été immédiate, il a fallu
beaucoup insister pour que M. Claude Guédat, Directeur des Ressources Humaines,
donne à la commission budgétaire les fichiers de distribution (au sens propre
et figuré) des primes. Evidemment, il y avait une très forte inégalité entre
départements, certains ne donnaient des primes qu’à trois ou quatre enseignants
ou enseignants-chercheurs impliqués dans la gestion pédagogique alors que
d’autres en distribuaient par dizaines. La formation par projet ainsi que le
suivi de stage en entreprises étaient plus ou moins bien rémunérés, de
nombreuses anomalies ont été constatées. Il y avait une inégalité frappante
entre départements ou centres, la même
responsabilité sortant du face à face pédagogique n’était pas reconnue de la
même façon. Par exemple, deux directeurs des études pouvaient recevoir des
primes très différentes, voir rien pour certains. De même, une responsabilité
pédagogique administrative pouvait être rétribuée dans une entité et considérée
comme intégrée dans le service normal dans une autre. La direction ne s’est
jamais souciée de l’égalité de traitement de son personnel à charge ou
responsabilité équivalente. La commission budgétaire a formulé un certain
nombre de recommandations et proposé des règles de calcul aussi équitables que
possible. Une période d’harmonisation de trois ans avait été suggérée, mais il
a été constaté que M. le Directeur des Ressources Humaines a tout fait pour
retarder la mise en place d’un système d’attribution de primes respectant des
principes fondamentaux. Ce travail de la commission budgétaire a permis ensuite
la préparation du référentiel des taches de l’établissement, document devant
régir quantitativement et qualitativement l’attribution officielle des primes
pour les taches hors service statutaire.
La commission budgétaire a ensuite tenté d’analyser la
masse salariale des agents sur ressources propres. Une grande inégalité
semblait exister entre différents services, certains fonctionnaient
essentiellement avec des fonctionnaires et d’autres aves des personnels sous
contrat. Les services administratifs avaient gonflé dans des proportions
spectaculaires pendant les mandats de M. Joël Rochat. Des transferts de postes
de titulaires avaient été aussi opérés au détriment de services opérationnels
vers les laboratoires et l’administration, notamment celui de la restauration a
été particulièrement touché. La mise à disposition du fichier correspondant a
été retardée d’année en année alors qu’il existait vu que c’était un élément
essentiel pour la demande du passage aux Responsabilités et Compétences
Elargies afin de prévoir les effets du glissement vieillissement technicité. La
commission s’est heurtée à la mauvaise foi patente du Directeur des Ressources
Humaines. Le prétexte donné était la préservation de l’anonymat des agents….
Réflexe du XIX siècle dans un établissement où le salaire des fonctionnaires
est connu au centime prés, mais où celui de certains chefs de service ou agents
sous contrat doivent rester dissimuler! La priorité de l’intérêt individuel
devant l’intérêt collectif est une évolution nette à l’INSA.
Au passage, la commission budgétaire
a remarqué que l’Unité Budgétaire
regroupant le service de restauration et le service des résidences était
déficitaire ! Etait-il normal de retirer des crédits à la mission
formation pour équilibrer la gestion de l’internat. La phase de remise aux
normes des résidences étudiants avait été délicate à gérer mais des
fondamentaux n’étaient pas assurés pour remplir les missions fondamentales de
l’Institut!
La commission budgétaire a souhaité
disposer du détail des budgets des services d’appuis aux missions pour avoir
une idée notamment des charges induites par la nouvelle direction de la
communication ainsi que des crédits attribués à l’équipe de direction en tant
qu’entité. Refus catégorique, les sommes accordées aux départements et centres
ont été rendus publiques sans problème mais celles auto-affectées aux services
centraux sont demeurées « confidentielles ». Réflexe étrange quand on
veut optimiser les ressources d’un établissement. Les montants ne sont pas
critiquables systématiquement quand on peut justifier une sorte de retour sur
investissement mais l’opacité n’est pas une réponse. La mode était aux audits
et sociétés de conseil sur des problèmes propres à l’établissement que les officines
externes ne peuvent traiter avec les « recettes » du secteur privé. La
transparence s’est arrêtée sur ce rideau épais, on a connu les couts de la
nouvelle obligation légale imposant la vérification des présentations
financières par des commissaires aux comptes, mais il a été impossible de
savoir si la direction s’accordait des crédits inférieurs, équivalents, ou
supérieurs à ceux des plus gros départements de spécialités contraints de
réduire leurs dépenses de formation. Les économies n’étaient sans doute pas
réparties équitablement sur tous les postes budgétaires. Qu’en est-il avec la
nouvelle direction et son management du privé ?
Continuant dans sa logique d’équité,
la commission budgétaire s’est attaquée à l’analyse du poste Fluides et
Consommables diverses. Une fois les effets de l’inflation déduits, l’évolution
à la hausse de ce poste était visiblement liée à l’augmentation de l’activité
des laboratoires de recherche. Une observation plus fine des recettes versées
par les laboratoires à l’INSA a montré qu’un nombre non négligeables de travaux
contractuels pouvaient couter notablement plus en Fluides et Consommables que
le prélèvement forfaitaire du à l’INSA. Cette situation très dangereuse pour
l’équilibre de l’établissement a été présentée aux directeurs de laboratoire
qui unanimement ont considéré que l’INSA devait offrir un environnement sans
augmentation des « frais de gestion » des contrats. Il est toujours
très étonnant de voir des scientifiques, dits de haut niveau, refuser la
réalité économique de la recherche. La commission budgétaire a présenté sans
sucés des comparaisons avec d’autres établissements comme l’Ecole Nationale
Supérieure des Mines de Paris ainsi que d’autres arguments objectifs, rien n’a
évolué avant la fin du second mandat de M. le Professeur Alain Storck.
Contrairement à ce qui est écrit
dans le document 5717.insa-lyon, les finances de l’établissement n’ont jamais « frôlé
la correctionnelle ». Cette présentation tendancieuse n’est destinée qu’à
présenter le successeur de M. le Professeur Alain Storck comme le Sauveur… Le
fonds de roulement est une notion comptable importante ne jouant que sur des
écritures, la cessation de paiement liée à la trésorerie est plus grave, mais l’INSA
a toujours honoré ses factures sans délai supérieur à la pratique moyenne des
établissements publics. Le financement du chantier de la bibliothèque Marie
Curie n’a pas demandé un prélèvement de 6 millions sur le fonds de roulement.
Cette somme comprend aussi le dépassement des couts prévisionnels du chantier
du bâtiment Chappe du département télécommunications et usages. Pour une
information objective sur le web, il serait bon de détailler la composition des
6 millions de prélèvement à moins de verser dans la fake news. Pour être moins
tendancieux, il faudrait aussi rappeler que la décision de construire la
bibliothèque Marie Curie a été prise après un débat très long en réunion
plénière du CA, çà n’a pas été un diktat d’un directeur de droit divin. Le CA a
ensuite émis un vote positif pour accepter de financer la différence entre le
cout prévisionnel établi pendant un des mandats de M. Joël Rochat et le cout de
la construction en 2009, soit environ dix ans après. La subvention était une
partie d’un Plan Etat-Région qui ne pouvait pas être réactualisée. La
proposition de la direction était très politique pour doter l’INSA de Lyon
d’une bibliothèque digne de son rang présumé.
Avec le recul, on pourrait presque se féliciter d’avoir
opté pour cet investissement de prestige car si le fonds de roulement était
resté à 6 millions d’Euros, notre ministère de tutelle l’aurait ramené à son
montant réglementaire minimum par une grosse ponction en 2012. L’INSA de Lyon
n’aurait pas une infrastructure de base nécessaire à tout établissement
d’enseignement supérieur respectable. Cette aventure financière a eu aussi une
conséquence positive sur les prévisions d’investissement immobilier de la
Direction du Patrimoine. Depuis 2010, dans les estimations budgétaires, elle
prévoit systématiquement 20% environ d’augmentation des couts prévisionnels
pour tenir compte des délais de réalisation. Est-ce que ce sera suffisant pour
les travaux envisagés dans le cadre du Plan Campus, notamment le chantier
MECAMAT. Certaines tours ont perdu un étage entre leur conception et le début
de leur chantier pour respecter le budget...
On peut aussi considérer que cette entorse aux règles de la
comptabilité publique a permis à l’INSA d’échapper aux déboires rencontrées par
les premiers établissements passés aux Responsabilités et Compétences Elargies.
Avec le peu de professionnalisme de la Direction des Ressources Humaines de
l’époque, la gestion de la masse salariale des fonctionnaires affectés à
l’INSA, soit environ 60 millions d’Euros, aurait été vraisemblablement
catastrophique. Inévitablement des postes d’enseignants-chercheurs,
d’enseignants, et de BIATS auraient du
être supprimés pour disposer des crédits nécessaires à l’augmentation normale
de leurs rémunérations avec les promotions et l’ancienneté.
Ironiquement, la fonte brutale du fond de roulement a évité de connaitre cet
énorme problème avant 2017, c’est en fait une chance….
Prof. Jean-Claude BOYER
Ex-coordonnateur de la commission budgétaire du CA de l'INSA de Lyon
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