INSA de Lyon – INSA Lyon 5717 – Chapitre 4 :
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Cette quatrième période voit l’arrivée d’un second
polytechnicien à la direction de l’INSA de Lyon mais on notera l’amorce de la
baisse du pedigree des locataires de la résidence de fonction. M. Joël Rochat
n’était pas un universitaire enseignant-chercheur comme son prédécesseur de
l’X, Henri Lefebvre. Le second directeur de l’INSA était docteur ès sciences,
doyen pendant plusieurs mandats à la Faculté des Sciences de Lille et
directeur-fondateur de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille.
Le sixième directeur a été enseignant vacataire à Nanterre
de 1962 à 1968, mais son expérience professionnelle venait essentiellement de
sa carrière à France Télécom comme Ingénieur Général. Son arrivée a suivi la
mise en place en 1990 du nouveau statut de l’INSA transformé en EPSCP (Etablissement
Public à Caractère Scientifique Culturel et Professionnel) en application
tardive de la loi de Janvier 1984. C’est cette loi Savary régissant les
établissements d’enseignement supérieur qui a imposé la création du Conseil des Etudes et du Conseil
Scientifique. Elle a aussi institué avec
l’Article 36 un comité de direction constitué des directeurs de départements
qui devait assister le directeur de l’établissement. Joël Rochat a
effectivement structuré la direction en s’entourant de personnes compétentes en
formation et recherche mais a transformé le comité des directeurs de
département en chambre d’enregistrement. Il a préféré tailler sur mesure une
équipe avec une direction adjointe confiée à M. le Professeur P. Lareal, une direction de
la recherche avec M. le Professeur Goutte à sa tête, et à partir d’une base
existante limitée à la gestion de la scolarité, une direction de la formation reconfigurée
avec M. le Professeur N.
Mongereau à sa tête. Cette équipe de direction « fonctionnelle » devait
être formellement distinguée des autres directions dites
« opérationnelles » ....
Bien que novice en la matière, M. Joël Rochat était membre
du Comité d’études sur les formations d’ingénieurs à la CTI. Mais, pendant ses
deux mandats, deux nouveaux départements ont vu le jour. D’abord, Génie
Productique, une émanation du Département d’Informatique, qui aurait du
s’appeler immédiatement Génie Industriel pour éviter aux recruteurs une
certaine confusion avec des étudiants spécialisés en production. Puis, Télécommunications
et Usages qui avait une définition cohérente. Ce nouveau département a eu un
certain succès auprès des étudiants pendant quelques années mais a connu
ensuite quelques difficultés de recrutement.
A la différence de la direction actuelle, M. Joël Rochat a
compris que la consolidation de l’INSA passait aussi par des activités
internationales visibles. M. le Professeur J.-C. Bureau n’a pas été freiné pour
le projet d’EURINSA qui a succédé à Euforia. Ce dynamisme, passé, s’est
transformé comme un essai au rugby, avec ASINSA puis AMERINSA. La direction de
l’époque allait dans le sens de l’histoire….
De 1991 à 2001, des prétendues innovations pédagogiques ont
soi-disant vu le jour : notamment les projets collectifs. En fait, les
technologies dites nouvelles découvraient des pratiques d’apprentissage
fondamentales des technologies
existantes mises en œuvre depuis des dizaines d’année. Mais en ignorant
l’existant, on peut clamer prendre des risques en innovant…. Faire du neuf avec
du vieux est un grand art.
M. Joël Rochat a aussi participé au groupe « Humanités
pour les ingénieurs » de la CGE mais il n’est pas exact de lui attribuer
la création du Centre des Humanités qui existait dés la création de l’INSA
conformément aux principes des fondateur J. Capelle et G. Berger. Le premier directeur de ce centre était
d’ailleurs un polytechnicien, l’Ingénieur Général P. Idate, promoteur de la
cybernétique dans les années 60. Les enseignants des Humanités étaient
rassemblés dans une même structure depuis de nombreuses années bien avant l’arrivée de M. Joêl Rochat
contrairement à ce qui est écrit dans le document 5717! Son intervention dans
ce secteur n’a pas résolu pour autant les problèmes dus à l’hétérogénéité des
disciplines et la diversité des personnels enseignants. Par contre, il a poussé
à la généralisation du Projet Personnel en Humanités aussi couteux que
controversé. Les anciens étudiants de 68 n’ont pas vu évoluer ceux de l’an 2000
et ont pensé qu’ils étaient acculturés ! Il est fréquent qu’un gestionnaire incompétent
dans le cœur de métier d’un établissement consacre son activité sur des sujets
certes importants mais de deuxième ordre.
Les faits négatifs les plus marquants de la période
1991-2001 sont les suivants :
-
l’introduction de la politique à l’INSA avec ses
fameux relais de l’intérieur qui ont œuvré pour la candidature de M. Joël
Rochat à la direction de l’INSA. Le château a pris une coloration bien affirmée
peu respectueuse de la neutralité universitaire.
-
un ostracisme vis-à-vis de certaines spécialités
jugées « has been » en
contradiction complète avec les secteurs industriels les plus performants du
pays.
-
une première réduction du face à face
pédagogique pour diminuer les heures complémentaires sans se soucier des
besoins de la formation avec l’évolution technologique.
-
une absence totale d’investissement pour le
renouvellement du matériel pédagogique lourd. Choix délibéré que la santé
budgétaire de l’époque ne justifiait pas.
-
un grossissement du personnel administratif
embauché sur ressources propres avec évidemment une réduction de crédits
consacrée à la formation.
En plus de la création de deux départements, on
doit néanmoins à M. Joël Rochat des changements positifs. Voici une petit liste
non exhaustive à compléter :
-
la gestion de la période difficile de la remise
aux normes sanitaires des restaurants,
-
l’ouverture du campus avec l’arrivée de la ligne
T1 du tramway,
-
le baptême
des rues et impasses du campus INSA,
-
le démarrage de la réfection des résidences des étudiants.
-
la création d’INSAVALOR sur proposition, ironie
de l’histoire, d’un ancien militant d’extrême gauche de 68.
M. Joël Rochat a un en commun avec l’occupant
actuel de la direction le changement de logo mais la notion de marque INSA ne
peut lui être attribuée. Le bilan de ses deux mandats est enviable comparé à un
autre plus récent. Son reclassement après sa période INSA a été
particulièrement douloureux. Bien introduit dans la vie lyonnaise, M. Joël
Rochat avait des ambitions politiques locales mais ses fameux relais internes,
qui avaient activement soutenu sa candidature en 1991, l’ont laissé tomber
après un échec aux élections municipales dans un arrondissement de Lyon. Triste
épilogue qui était prévisible !
Jean-Claude Boyer
Professeur ( Retraité) INSA de Lyon - CM70
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