mercredi 5 avril 2017


INSA de Lyon – INSA Lyon 5717 – Chapitre 4 : Commentaires

 

Cette quatrième période voit l’arrivée d’un second polytechnicien à la direction de l’INSA de Lyon mais on notera l’amorce de la baisse du pedigree des locataires de la résidence de fonction. M. Joël Rochat n’était pas un universitaire enseignant-chercheur comme son prédécesseur de l’X, Henri Lefebvre. Le second directeur de l’INSA était docteur ès sciences, doyen pendant plusieurs mandats à la Faculté des Sciences de Lille et directeur-fondateur de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille.

Le sixième directeur a été enseignant vacataire à Nanterre de 1962 à 1968, mais son expérience professionnelle venait essentiellement de sa carrière à France Télécom comme Ingénieur Général. Son arrivée a suivi la mise en place en 1990 du nouveau statut de l’INSA transformé en EPSCP (Etablissement Public à Caractère Scientifique Culturel et Professionnel) en application tardive de la loi de Janvier 1984. C’est cette loi Savary régissant les établissements d’enseignement supérieur qui a imposé la création  du Conseil des Etudes et du Conseil Scientifique.  Elle a aussi institué avec l’Article 36 un comité de direction constitué des directeurs de départements qui devait assister le directeur de l’établissement. Joël Rochat a effectivement structuré la direction en s’entourant de personnes compétentes en formation et recherche mais a transformé le comité des directeurs de département en chambre d’enregistrement. Il a préféré tailler sur mesure une équipe avec une direction adjointe confiée à  M. le Professeur P. Lareal, une direction de la recherche avec M. le Professeur Goutte à sa tête, et à partir d’une base existante limitée à la gestion de la scolarité, une direction de la formation  reconfigurée  avec  M. le Professeur N. Mongereau à sa tête. Cette équipe de direction « fonctionnelle » devait être formellement distinguée des autres directions dites « opérationnelles » ....

Bien que novice en la matière, M. Joël Rochat était membre du Comité d’études sur les formations d’ingénieurs à la CTI. Mais, pendant ses deux mandats, deux nouveaux départements ont vu le jour. D’abord, Génie Productique, une émanation du Département d’Informatique, qui aurait du s’appeler immédiatement Génie Industriel pour éviter aux recruteurs une certaine confusion avec des étudiants spécialisés en production. Puis, Télécommunications et Usages qui avait une définition cohérente. Ce nouveau département a eu un certain succès auprès des étudiants pendant quelques années mais a connu ensuite quelques difficultés de recrutement.

A la différence de la direction actuelle, M. Joël Rochat a compris que la consolidation de l’INSA passait aussi par des activités internationales visibles. M. le Professeur J.-C. Bureau n’a pas été freiné pour le projet d’EURINSA qui a succédé à Euforia. Ce dynamisme, passé, s’est transformé comme un essai au rugby, avec ASINSA puis AMERINSA. La direction de l’époque allait dans le sens de l’histoire….

De 1991 à 2001, des prétendues innovations pédagogiques ont soi-disant vu le jour : notamment les projets collectifs. En fait, les technologies dites nouvelles découvraient des pratiques d’apprentissage fondamentales  des technologies existantes mises en œuvre depuis des dizaines d’année. Mais en ignorant l’existant, on peut clamer prendre des risques en innovant…. Faire du neuf avec du vieux est un grand art.

M. Joël Rochat a aussi participé au groupe « Humanités pour les ingénieurs » de la CGE mais il n’est pas exact de lui attribuer la création du Centre des Humanités qui existait dés la création de l’INSA conformément aux principes des fondateur J. Capelle et G. Berger.  Le premier directeur de ce centre était d’ailleurs un polytechnicien, l’Ingénieur Général P. Idate, promoteur de la cybernétique dans les années 60. Les enseignants des Humanités étaient rassemblés dans une même structure depuis de nombreuses années bien  avant l’arrivée de M. Joêl Rochat  contrairement à ce qui est écrit dans le document 5717! Son intervention dans ce secteur n’a pas résolu pour autant les problèmes dus à l’hétérogénéité des disciplines et la diversité des personnels enseignants. Par contre, il a poussé à la généralisation du Projet Personnel en Humanités aussi couteux que controversé. Les anciens étudiants de 68 n’ont pas vu évoluer ceux de l’an 2000 et ont pensé qu’ils étaient acculturés !  Il est fréquent qu’un gestionnaire incompétent dans le cœur de métier d’un établissement consacre son activité sur des sujets certes importants mais de deuxième ordre.

Les faits négatifs les plus marquants de la période 1991-2001 sont les suivants :

-        l’introduction de la politique à l’INSA avec ses fameux relais de l’intérieur qui ont œuvré pour la candidature de M. Joël Rochat à la direction de l’INSA. Le château a pris une coloration bien affirmée peu respectueuse de la neutralité universitaire.

-        un ostracisme vis-à-vis de certaines spécialités jugées  « has been » en contradiction complète avec les secteurs industriels les plus performants du pays.

-        une première réduction du face à face pédagogique pour diminuer les heures complémentaires sans se soucier des besoins de la formation avec l’évolution technologique.

-        une absence totale d’investissement pour le renouvellement du matériel pédagogique lourd. Choix délibéré que la santé budgétaire de l’époque ne justifiait pas.

-        un grossissement du personnel administratif embauché sur ressources propres avec évidemment une réduction de crédits consacrée à la formation.

 

       En plus de la création de deux départements, on doit néanmoins à M. Joël Rochat des changements positifs. Voici une petit liste non exhaustive à compléter :

-        la gestion de la période difficile de la remise aux normes sanitaires des restaurants,

-        l’ouverture du campus avec l’arrivée de la ligne T1 du tramway,

-         le baptême des rues et impasses du campus INSA,

-        le démarrage de la réfection des résidences des étudiants.

-        la création d’INSAVALOR sur proposition, ironie de l’histoire, d’un ancien militant d’extrême gauche de 68.

 

        M. Joël Rochat a un en commun avec l’occupant actuel de la direction le changement de logo mais la notion de marque INSA ne peut lui être attribuée. Le bilan de ses deux mandats est enviable comparé à un autre plus récent. Son reclassement après sa période INSA a été particulièrement douloureux. Bien introduit dans la vie lyonnaise, M. Joël Rochat avait des ambitions politiques locales mais ses fameux relais internes, qui avaient activement soutenu sa candidature en 1991, l’ont laissé tomber après un échec aux élections municipales dans un arrondissement de Lyon. Triste épilogue qui était prévisible !
 
Jean-Claude Boyer
Professeur ( Retraité) INSA de Lyon - CM70